Voilà une lettre que je ne compte pas envoyer, juste la poster ici dans mon ptit forum.
Bizarre vous allez me dire. C'est vrai, une lettre c'est fait pour être envoyée. Pourtant celle-ci restera non-timbrée et non-postée.
Je l'aime bien pourtant, cette lettre. Sans doute parce qu'elle n'est pas entièrement fausse. Un peu exagéré peut-être... C'était lors d'un de mes moments de déprime... Bah oui, ça arrive à tout le monde.
Vous remarquerez que je n'ai pas destinée cette lettre, et pourtant je pensais à quelqu'un en particulier en l'écrivant. Il n'est pas sur ce forum, ne vous tracassez pas, je n'ai juste pas envie qu'il se reconnaisse si par mégarde il tombe dessus, les miracles, ça arrive.
Vous vous demanderez peut-être pourquoi je ne l'ai pas postée, cette lettre. Je crois simplement avoir peur de sa réaction après l'avoir lue.
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Cher X,
Si tu lis cette lettre un jour, c’est que je me suis enfin décidée à te dire ce que je pense vraiment au fond de moi. Comme une éponge, j’ai absorbé petit à petit ce manque d’affection en retour, ce manque d’efforts de ta part pour que notre amitié perdure... Mais l’éponge est remplie, maintenant je veux la tordre, la libérer de toutes ces gouttes amères qui l’imbibent, l’assécher et l’envoyer aux oubliettes. Je veux vivre, libre et ne plus me raccrocher à un fantôme qui n’est jamais là que quand ça l’arrange.
C’est un adieu que je te dis là, inutile de vouloir revenir en arrière, c’est beaucoup trop tard. Tu aurais dû voir, même si je ne le voulais pas, que ça commençait à m’énerver. Tu n’as rien vu. Tant pis.
Excuse-moi de te le dire comme ça, mais j’en ai marre. Marre de tout donner sans jamais rien recevoir. Marre d’attendre de toi un retour improbable, bien qu’espéré, une réponse à mes gestes, à mes actions. Marre de te parler, de te réconforter, de te remonter le moral. Marre de te dissuader d’une tentative de suicide qui ne mène jamais à rien. Tu ne penses qu’à toi. Egoïste. Tu prends tout et tu ne donnes rien. Sangsue de ma gentillesse, de mon bon cœur qui n’attendait rien d’autre qu’un petit effort de ta part. Bactérie du monde, tu dévores sans rien laisser d’autre derrière toi qu’un cœur pressé, desséché et meurtri.
Je ne veux même plus essayer, essayer de te trouver des excuses pour ces retours inexistants. Et dire qu’il y a quelques semaines, je m’en voulais de t’avoir laissé sans nouvelles, de ne pas t’avoir écrit, comme promis. Alors j’ai pris mon stylo et j’ai commencé à te raconter. Tu as reçu ma lettre, lue sans doute, pris du plaisir peut-être aussi, satisfait je pense. Je t’avais dit « mieux vaut tard que jamais »... Avec toi, je crains que ce ne soit « jamais », tout simplement.
J’en ai marre, je me répète mais le vase est rempli à ras bord et il commence à déborder. Chaque jour une goutte arrive en plus, chaque jour j’essaye de ralentir sa chute inévitable et chaque jour je fini par en avoir marre. « Trop bon, c’est trop con », je crois avoir compris ce que nous répétais toujours notre professeur de français l’année passée. « Trop bon, c’est trop con », je crois que j’ai atteint ma limite.
J’étais comme une girouette au gré des vents, subissant rafale après rafale, sans rien dire. Mais les gonds de sa patience ont finis par rouiller et elle a arrêter de tourner.