Orage dans l'air, arrivée du fils dans un lieu ennemi...

Koyuki remercia le chauffeur de taxi d'un signe de la main et le regarda partir, le regard triste. Tout seul sur le trotoir devant sa nouvelle maison, ses bagages à ses pieds, il n'arrivait pas à se décider à entrer. Il ne voulait pas voir sa soeur, ni son père d'ailleurs... Et dire qu'il allait vivre avec eux désormais ! La poisse. Pourquoi sa mère était-elle morte ? Pourquoi l'avoir laissé seul ? Pourquoi l'avoir abandonné ???

Koyuki soupira. Le taxi disparut au coin de la rue, il restait seul. Lentement, il pris ses sacs et marcha pas à pas vers la grande bâtisse qui se tenait devant lui.

Il grimpa les quelques marches qui menaient à la porte, déposa ses sacs à terre et ouvrit la lourde porte de chêne massif.

Le hall était immense, Koyuki n'en avait jamais vu d'aussi grend de tout sa vie.

- Ouaw ! Ne put-il s'empêcher de dire.

Keiko avait été prévenue la veille de l'arrivée de son "cher" frère par son père, alors qu'il s'en allait de la cuisine, un paquet de biscuits à la main, sans doute pour retourner s'enfermer dans son bureau. Il lui avait demander de préparer une chambre et de l'accueillir comme il se devait... Elle allait se gêner !

Peu avant l'heure prévue de l'arrivée de Koyuki, elle lui avait effectivement préparé une chambre, comme n'importe quelle chambre d'ailleurs sauf qu'elle lui avait réservé quelques petites surprises à sa sauce... Les grains de poivre dans le lit, les boules puantes placées un peu partout, sans oublier la colle sur la clinche de la porte ni la craie sur la chaise...

Maintenant elle se tenait assise sur les marches de l'escalier à attendre son frère, qui ne tarda pas à arriver. Elle le vit en effet entrer, ses sacs derrière lui tandis qu'il prononçait un "ouaw" admiratif devant le hall.

Elle se leva et engagea la conversation. Son frère n'avait pas l'air de l'avoir vue, tant mieux !

- Alors ça te plait ? Ta nouvelle maison ? Elle est à ton goût ?

Sa voix était chargée de tout le mépris qu'elle pouvait et elle le regardait comme s'il n'était rien d'autre qu'un microbe indésirable.

Koyuki sursauta. Il n'avait pas entendu sa soeur arriver. Il la regarda, la détaillant de bas en haut, le regard brillant. Cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas vue, trop longtemps peut-être. Elle n'avait pas changé d'un pouce ou si, elle était devenue une superbe jeune fille... Cependant son bonheur de la retrouver ne dura pas longtemps. En entendant le ton qu'avait pris Keiko pour lui parler, il se souvint de ce que sa soeur avait causé à sa mère, il se souvint que c'était à cause d'elle que leur parents s'étaient séparés, à cause d'elle que sa mère était morte.

Il la toisa avec le même mépris et lui répondit :

- Pas mal... Les sculptures sont vachment zarb' et les tableaux hideux... mais le reste est potable.

Il lui sourit, il la provoquait, il le savait, mais il n'avait pas pu s'en empêcher... Elle n'allait pas amier, au non, sûrement pas...

"Pas mal... Les sculptures sont vachment zarb' et les tableaux hideux... mais le reste est potable."

Mais pour qui il se prenait ce fils de bourge ? Elle aurait voulu le frapper, lui effacer ce sourire provocateur, lui faire regretter ces paroles... surtout qu'en réalité c'était elle qui avait choisi la déco... Mais elle se retint difficilement, en y mettant toute sa volonté, elle serra les dents et les poings, respira un grand coup et lui répondit :

- Tu t'y habitueras ne t'inquiète pas... A force de passer devant chaque jour tu n'y feras plus attention.

Elle lui rendit son sourire mais celui-ci était un peu crispé. Elle s'en rendit compte et enchaina la conversation :

- Mais ne reste pas sur le pas de la porte, entre donc ! Je vais te montrer ta chambre !

Elle ne l'avait pas frappé comme il s'y attendait mais Koyuki avait remarqué qu'elle s'était retenue. Il accepta sa proposition, au plus vite il rentrerait dans sa chambre, au plus vite il n'aurait plus à supporter sa soeur.

- Bien allons-y ! Je te suis...

Il prit ses bagages et, les bras chargés, il entreprit de monter les escaliers. Cependant il n'avait jamais été costaud ni fort en sport et ses sacs étaient lourds et nombreux. A peine une dizaine de marches entamées, il perdit un de ses sacs qui tomba lourdement par terre et roula sur lui-même jusqu'au bas des escaliers.

Rouge de honte, il déposa ses sacs à ses pieds et redescendit chercher celui qui avait roulé jusqu'au bas des escaliers. Il le remonta en quatrième vitesse, le rouge toujours aux joues, évitant de croiser le regard de sa soeur qui devait bien rire.

Dès que son frère eut accepté sa proposition, elle passa devant lui pour lui montrer le chemin. Elle commença à grimper les marches des escaliers puis se retourna pour voir comment son frère se débrouillait avec ses sacs. C'est qu'il en avait des sacs, trop plein même, mais Keiko ne voulait absolument pas lui proposer de l'aide. Il n'avait qu'à se débrouiller tout seul ! Il était assez grand non ?

Elle le vit se débrouiller tant bien que mal avec ses sacs, mais l'un d'eux tomba à terre et roula jusqu'e, bas, si bien qu'il dut déposer ses affaires et redescendre le chercher. C'était trop drôle, surtout qu'il était tout rouge le pauvre !

Keiko se marra toute seule. Quand il reprit son ascenssion, elle le regarda avec un sale petit sourire sur le coin des lèvres.

- C'est bon, on peut continuer ? Parce que je ne vais pas t'attendre indéfiniment ! Je n'ai pas que ça à faire moi !

Sur ce, elle continua de grimper.

Koyuki se mordit l'intérieur de la joue pour tenir le coup. Sa soeur que riait de lui l'énervait au plus au point. Elle avait de la chance qu'il n'était pas du genre à frapper, surtout pas les fille, même si sa soeur le méritait vraiment. Et puis même s'il était du genre à frapper, il avait les mains occupées à proter ses sacs donc la giffle aurait dû attendre. Bref tout ça pour dire que Koyuki détestait sa soeur.

Arrivés au premier étage, Koyuki lacha ses sacs et s'arrêta, essouflé, le visage rouge, mais rouge à cause de l'effort cette fois-ci et plus de honte. Entre deux respirations, ils demanda à sa soeur :

- C'est encore loin ?

Il avait du mal à respirer, l'effort n'était vraiment pas son fort (ouaw ça rime XD ! Ok je me tais...) Son coeur battait à tout rompre etil avait chaud. Encore un peu et il tombait dans les pommes. Koyuki ferma les yeux pour se calmer, respirant à fond en espérant que cette petite crise passerait vite. Il n'aimait pas se montrer en état de faiblesse, surtout devant sa soeur, mais là, c'était un cas de nécessité.

Elle n'avait pas remarqué que son frère s'était arrêté au premier étage pour reprendre son souffle. Elle continuait à monter les escaliers comme si de rien était lorsqu'elle entendit Koyuki lui demander si c'était encore loin. Sa voix était faible et parraissait lointaine. Etonnée, elle se retourna et le découvrit quelques mètres plus bas. Il avait déposé ses sacs par terre et semblait avoir du mal à respirer. Inquiète, elle redescendit les marches qui la séparait de son frère.

*Inquiète ? Moi ??? Pour ce stupide frère qui ne sait même pas porter des sacs ???? Non mais c'est n'importe quoi !!!*

Elle l'observa quelques instants, l'oeil un peu douteux que ce frère qu'elle détestait tant puisse lui faire ressentir de l'inquiétude. Elle avait dû se tromper, oui sûrement. En y regardant bien, il avait plus l'air pitoyable qu'autre chose.

- Il reste encore deux étages à monter... lui répondit-elle comme si ce n'était qu'un détail. Dépêche-toi, je t'ai dit que je n'avais toute la vie devant moi.

Elle le regarda encore une fois, puis prise d'une pitié soudaine, s'empara des deux plus gros sacs et commença à monter en vitesse. Elle ne savait pas ce qui lui avait pris, ce n'était pas normal d'aider son frère alors qu'elle le détestait. Non vraiment pas normal... Alors pourquoi était-elle occupée à l'aider à porter ses sacs ???

*Pour ne pas perdre de temps !*

Excuse bidon, elle le savait, mais refusait de penser à autre chose. Elle continua à grimper machinalement l'escalier sans se soucier si son frère la suivait et en mettant de côté toutes ses pensées.

Koyuki vit sa soeur redescendre, étonné qu'elle prenne la peine de parcourir quelques marches en plus pour lui. Elle lui répondit qu'il restait encore 2 étages à gravir, Koyuki soupira. Il ne tiendrait jamais le coup. Il devait avoir l'air vraiment abattu car sa soeur prit soudain les deux plus gros sacs et commença à monter en vitesse.

Abasourdi par cet... élan de sympathie ??? Il regarda sa soeur monter les escalier sans rien dire, sans bouger, trop stupéfait par la réaction de Keiko. L'aimait-elle un peu tout de même ?

*Impossible !*

Il réfléchit encore quelques seconde puis se dit qu'elle l'avait surement aidé pour ne pas perdre de temps. En effet, si Koyuki avait dû porter tous ses sacs à lui tout seul et monter deux étages en plus, il aurait surement mis plusieurs heures... Ce qui n'aurait pas plus à Keiko.

La question résolue, Koyuki se leva et pris ses deux autres sacs, beaucoup plus petits que sa soeur portait et monta les escaliers en se dépéchant car sa soeur avait disparu de sa vue et il ne voulait pas se perdre dans cette immense demeure.

[suite dans la chambre n°1]